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LA MORT DE VIDOCQ 1857

     En mai 1857, Vidocq a bientôt 82 ans et est très malade, il fait une rechute d'une attaque de choléra mal soignée. Il est paralysé et s'exprime avec difficulté. Inspiré par la légende d'Anthé, il demande à ce qu'un peu de terre soit répandue sur le sol de sa chambre afin, pense t'il, y re-puiser des forces comme le géant de la mythologie, il fait quelques pas et s'écroule. Il décèdera à son domicile, 2 rue Saint-Pierre-Popincourt, le 11 mai 1857 entouré de ses derniers amis fidèles. Il demandera un enterrement avec cortège du pauvre mais eut finalement un enterrement dit de 5ème classe (donc un peu plus "riche") suivi par 100 pauvres payés 3fr chacun (c'était l'usage à l'époque)). Il sera inhumé dans une totale indifférence et outre les 100 pauvres rétribués, on ne comptera pas plus de 10 personnes à l'église Saint Denys du Saint-sacrement.

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Ci-dessous l'extrait du registre de l'église Saint Denys du Saint-sacrement

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"12 mai 1857 Vidocq Eugène / A été présenté en cette église le corps de Eugène François Vidocq, né à Arras et décédé rue St Pierre Popincourt ??? à l'âge de 85 ans (sic) ; ont signé avec moi.
Signataires :
        - Dornier (Médecin de Vidocq depuis 30ans)
        - D.M (?????)
        - Lefèvre (Famille amie de Vidocq et qui hérita d'une grande part de ses biens)
        - Maurice Barthélémy (Ami et biographe de Vidocq)"

 

Ci-dessous le contenu de l'article du Figaro du 21 Mai 1857 relatant sa mort :

   

"ENCORE VIDOCQ

Nous empruntons, à un journal sans importance, les détails suivants
Quelques jours avant de tomber dans le marasme de l’agonie, Vidocq eut un caprice, qui prouve que l’imagination de cette tête ardente, qui n’avait si longtemps travaillé que pour le crime, survivait aux années et à l’approche du moment suprême. Il se figurait que, nouvel Antée, il reprendrait des forces nouvelles et renaîtrait à l’existence et à la vigueur de ses premières années, si de ses pieds mourants il pouvait fouler la terre à laquelle il retournait !
On s'empressa de satisfaire au désir manifesté par le moribond, et l’on étendit devant son lit une couche de terre. Vidocq se leva péniblement, soutenu par ceux qui le soignaient; il étendit ses vieilles jambes d’hercule amaigri, et quand il sentit la terre sous ses pieds nus et crispés, un éclair de vie sillonna son front ; il se dressa tout debout, mais ses forces anéanties se brisèrent dans cet effort, il retomba inerte et glacé. De ce moment, il comprit que c’en était fait de lui, et sans plus conserver aucun espoir dans ce monde, il se prit à songer au salut de son âme.
Un sentiment mondain — si l’on peut ainsi parler — lui tenait cependant au coeur : il ambitionnait d'avoir du monde à son convoi funèbre. Il ordonna donc que l'on convoquât tous les pauvres du quartier pour suivre soit cercueil, et il prit des mesures pour qu'on allouât 3 francs par tête. L’habit noir était dans ce deuil en imperceptible minorité.
A propos de cette mort sans retentissement, car je crois qu’aucun journal ne l’a annoncée jusqu’ici, on me racontait la dernière expédition de Vidocq. Elle pourrait servir de canevas à un petit drame pour un de nos théâtres des boulevards.
Un riche négociant de Paris vint trouver Vidocq et lui confia qu’il venait de constater un déficit de 150.000 francs dans sa caisse ; Vidocq lui demanda :
— Quel âge a votre caissier ?
- Vingt-cinq ans, muais je suis sûr de lui comme de moi-même ; il a été volé, c’est une victime comme moi.
— Vous êtes marié?
— Oui.
- Quel âge a votre femme ? Est-elle jolie ? Est-elle honnête ?
— 0h ! Monsieur, ma femme c’est la vertu même, l’honneur même, le dévouement même, l’amour conjugal incarné, etc., etc.
— Il ne s’agit pas de tout cela; votre caissier a vingt-cinq ans; votre femme est-elle jolie ?
— Enfin, puisque vous le voulez, oui, elle est jolie ; mais...
- Mais, Mais !... Il ne s’agit pas de mais! Vous voulez retrouver votre argent, n’est-ce pas, et vous avez confiance en moi?
— Parbleu! Puisque me voici!
— Très bien, rentrez chez vous; simulez un départ pour la campagne, et introduisez-moi dans la place.
Ainsi dit, ainsi fait, le négociant part. Vidocq se cache dans un cabinet voisin de l’appartement de la dame.
On sert le déjeuner; un jeune homme entre; la femme lui dit :
"Eh bien, il est parti, mais il a des soupçons, nous sommes perdus !.
L’émule de Carpentier entame une longue tirade d’amour concluant par ces mots « Un seul parti nous reste, prenons ce qui reste et allons nous embarquer pour,..."
Vidocq se montre. Tableau.
— Mes chers enfants, du calme, ou je vous casse la tête à tous les deux. Nous nous comprenons, n’est ce pas? Maintenant répondez. Où est l’argent volé?
— Il ne nous on reste que 100.000 fr. — dit la femme coupable.
— Bien vrai?
— Je le jure !
— Très bien ! rendez l’argent.
— Le voici.
— Très bien! c’est une affaire oubliée, n’en parlez jamais à votre mari, il ne saura rien. Quant à vous, monsieur, donnez-moi vos jolis petits pouces.
Il lui met des menottes, le conduit au Havre et l’embarque à bord d’un navire en partance, en lui laissant pour dernier adieu : " Allez vous faire pendre ailleurs."
Vidocq revint à Paris, rendit l’argent au commerçant, lui disant : "Votre caissier était le voleur mais il avait mangé 50.000 fr. avec une danseuse ; je l’ai embarqué pour les Etats-Unis. Epilogue. Jamais on n’a connu de ménage de négociant plus heureux que celui du client de l’ancien chef de la brigade de sûreté.
Parmi les objets curieux que laisse Vidocq dans sa succession, il y a, dit—on, un malle dans laquelle se trouve une des plus complètes collections de décorations connues, les bracelets d’une actrice de nos Théâtres et, à ce que l’on dit, des lettres de grands personnages.
En deux mots, voici l’histoire
Un homme de lettres dans l'embarras à Londres en 1848, voyageait avec une dame. Il donna en nantissement à un prêteur sur gages, la valise qui contenait les objets susmentionnés.
Au bout d’un certain temps, n’étant point payé, et ne trouvant point de placement avantageux à ces différents objets, il céda le tout à Vidocq, lui transportant ses droits de créance. Vidocq est mort, et les décorations, les bracelets et les lettres appartiennent à ses héritiers.
Je ne sais si l’on fera une vente publique des objets délaissés par le défunt. Ce serait curieux."

 

     Dans les dernières années de sa vie, Vidocq se sentira très seul comme le prouve sa correspondance. Il aspirera encore à la reconnaissance qu'il n'a jamais vraiment obtenu. Mêmes des gens comme Lamartine, qui lui doivent quand même beaucoup se détourneront de lui, ce qui l'affectera grandement.

 

       Cette reconnaissance, Vidocq ne l'obtiendra jamais, même après sa mort et c'est en partie pour cela qu'a été faite ce site Web.

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