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APRÈS LA SÛRETÉ (1832-1857)  1/2

En 1833, Vidocq ouvre son "Bureau des renseignements Universels" tout en restant surveillé de près par ses anciens ennemis.

Voici ce qu'écrira le Préfet Gisquet sur son compte en 1840 :

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"Un homme (le sieur Vidocq) qui avait acquis une sorte de célébrité sous la Restauration fut le créateur de la Brigade de la Sûreté, spécialement occupée de cette partie de la police. Vidocq, dans les entraves de ses anciennes liaisons, ne s'entoura guère que d'hommes flétris par la justice. Il choisissait lui-même ses agents, fixait arbitrairement leur salaire, était toujours l'intermédiaire entre eux et l'administration pour la remise des fonds destinés au paiement de leurs honoraires, et disposait de ses agents à peu près comme il l'entendait.
La répugnance bien naturelle que les préfets et même les employés supérieurs de la Préfecture éprouvaient à être mis en contact avec les hommes de cette Brigade, et à s'initier aux détails de leurs occupations, laissait une direction presque absolue et sans contrôle au chef qui la commandait.
Vidocq est un homme doué d'intelligence et de caractère; seulement un peu tourmenté du besoin de faire parler de lui. Je passerai sous silence les services qu'il a pu rendre, puisqu'ils appartiennent à une autre époque; mais il n'est pas superflu de dire qu'après l'avoir employé pendant quelques mois, j'ai reconnu que son habileté n'était pas ou n'était plus au niveau de sa réputation. C'est surtout dans cette branche qu'il faut varier et renouveler souvent les moyens de découvrir les coupables. Vidocq avait sans doute usé toutes les ressources de son imagination, car, après avoir obtenu de ma confiance la direction de la Brigade, il resta dans l'ornière de ses anciennes habitudes, de ses ruses, qui n'étaient pas toujours avouables, et qui, mises tant de fois en usage, ne pouvaient plus avoir de chance de succès.
Quoi qu'il en soit, Vidocq, m'ayant été adressé par M. de Bondy (Préfet de la Seine) au commencement de 1832, profita de l'audience que je lui accordai pour faire ressortir l'inhabileté des agents de la Sûreté alors en fonction, et pour mettre en relief sa supériorité. j'étais effectivement peu satisfait de la manière dont se faisait alors ce service, et, comptant sur les améliorations promises par Vidocq, je lui rendis, deux ou trois mois après, le poste qu'il avait occupé. Mais il reprit avec lui les débris de son premier entourage, et l'expérience d'un trimestre suffit pour me faire reconnaître tous les inconvénients d'attacher de tels auxiliaires à la Préfecture.
Dans le courant de septembre 1832, un procès criminel eut lieu pour un vol commis à la barrière de Fontainebleau le 23 mars précédent. Trois accusés, savoir: Lenoir, Moureau et Cloquemin, furent condamnés à vingt ans de travaux forcés; deux autres, Seguin et Deplantes, à cinq années de réclusion, et enfin le nommé Léger, devenu, depuis l'exécution du vol, agent de Vidocq, à deux années de prison, pour complicité. Cette affaire, dans laquelle j'ai vu que Vidocq continuait à mettre en oeuvre des repris de justice, et qu'il procédait quelquefois par des moyens auxquels on pouvait reprocher un certain caractère de provocation, me décida à le révoquer et à renvoyer les agents impurs dont il se serait.
Jusque-là on pensait généralement qu'on ne pouvait faire la police des voleurs qu'avec des voleurs. Je voulus essayer de la faire faire par des gens honnêtes, et les résultats ont prouvé que j'avais raison."

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Extrait Mémoires de M. Gisquet (Paris : Marchan Editeur du magasin Théatrale, 1840) - Chapitre V du volume II.

     "J'ai délivré la capitale des voleurs qui l'infestaient. Je veux aujourd'hui délivrer le commerce des escrocs qui la dévalisent" : Telle fut la volonté de fondatrice du Bureau des renseignements dans l' intérêt du commerce (futur "Bureau des renseignements universels") que Vidocq créa en 1833 après sa démission de la Police de Sûreté. C'était sorte d'agence de détectives privés spécialisée dans un premier temps dans les enquêtes que des créanciers ou des industriels souhaitaient mener sur leur futurs clients ou débiteurs avant d'entrer en affaire avec eux. Les agents d'affaires de l'époque exerçaient un peu le même type de tâches aussi le rôle de premier détective privé du Monde que l'on donne parfois à Vidocq doit être nuancé. Vidocq étendit ensuite les actions de son agence en couvrant aussi le domaine plus privé (constats d'adultère entre autres choses).

"VIDOCQ
     Ex-Chef de la police particulière de sûreté, qu'il a dirigé pendant 20 ans avec un succès incontesté.
    Ventes et Achats de toutes Propriétés, d'Usines, d'Actions industrielles, de  Brevets d'invention, de Fonds de Commerce, Clientèles, Emprunts, Placements de Fonds, etc. , etc.

Je ne crains dans ma carrière, ni concurrence ni rivalité ; tous ceux qui ont tenté de m'imiter ont échoué : cela devait être La Gazette des Renseignements ou le Tocsin, a fondu sa cloche dans les prisons de Mézières. Le Phare du Commerce est allé s'éteindre dans les cabanons de Bicêtre. L'éclaireur Commercial a jeté un si grand jour sur ses turpitudes, que la justice l'a condamné a plusieurs mois de prison : leurs successeurs ne sont pas plus heureux.


 

20 FR. PAR ANNEE,  Et l'on est à l'abri de la ruse des plus adroits fripons.

ADMINISTRATION

Elle se charge de suivre toutes les procédures ordinaires et extraordinaires, d'opérer les recouvrements difficiles, en France et à l'étranger(les ancienne relations du Directeur avec les Polices étrangères le mettant à même de rendre de grands services) pour l'extradition des banqueroutiers, faillis et débiteurs réfugiés en pays étrangers et outre-mer. Étant a même de connaître préalablement la position financière des débiteurs, nul ne sera poursuivi s'il est réputé insolvable; conséquemment grande économie de frais de poursuite, etc..
Pour obtenir une solution prompte et satisfaisante, le Directeur s'est entouré des lumières d'avocat et d'avoué, aussi instruits que recommandables; et pour plus de sécurité et célérité dans l'exécution des jugements, un huissier et un garde du commerce, probes. et expérimentés, sont spécialement attachés à l'administration.
On traitera de gré à gré pour la recherche des débiteurs fugitifs, réputés introuvables, soit en France, soit en pays étrangers.
On se charge aussi de toutes surveillances, recherches et explorations dans l'intérêt du commerce. et des familles, afin de connaître la moralité, les antécédents et la probité des personnes qu'on emploie, à quelque titre que ce soit.
Enfin on trouvera dans l'administration des renseignements sur tout en général, le Directeur se flattant de pouvoir satisfaire à toutes les exigences. On entreprend tout voyage en France, à l'étranger et outre-mer.

Renseignements dans l'intérêt du Commerce. de l'Industrie et de la Propriété.

L'abonnement est de 20 francs par an; il donne à l'abonné(pour sa maison seulement), le droit de faire vérifier si les personnes qui lui demandent crédit ne sont pas notées sur les tablettes de l'administration. Ceux qui ne voudront pas s'abonner paieront 5 fr. pour chaque vérification. Il est arrivé que des négociants abonnés à mon bureau depuis plusieurs années, s'étant trouvés pendant la durée de leur abonnement à l'abri des tentatives des escrocs et des faiseurs, ont cru devoir ne pas le continuer; mais à peine avaient-ils cessé d'avoir recours à mon expérience et à mes conseils, qu'ils sont devenus la proie des fripons, toujours à la piste des négociants faciles et confiants. J'ai malheureusement plusieurs exemples de faits semblables à citer, et je crois qu'il doit suffire de les indiquer au public, pour qu'il n'hésite pas à s'en garantir. Le prix de l'abonnement est d'ailleurs si minime, qu'un commerçant, quelle que soit l'étendue de ses affaires, ne saurait s'abstenir d'y avoir recours, sans mériter le reproche de parcimonie et d'imprudence. On traire de gré à gré pour toutes espèces de recherches, de renseignements et d'explorations. Dans ce cas, la rétribution est toujours fixée selon l'importance des affaires et les difficultés à vaincre.
. On se charge d'épurer les clientèles des négociants, d'en évincer les véreux, d'en former de nouvelles, dont la solvabilité ne serait pas douteuse.
On fournira des renseignements raisonnés, approfondis et impartiaux, sur toutes les industries; on indiquera la valeur réelle des fonds de commerce, des établissements de toute nature, et clientèles à vendre; on donnera des notes sur la valeur exacte des actions de
toutes les sociétés industrielles. En on indiquera du doigt les écueils afin de les éviter.
Mon administration a rendu depuis 1853, époque de sa fondation, assez de services au commerce et à l'industrie, pour qu'il me soit aujourd'hui permis de parler haut et franchement au monde commercial.
Cet établissement, fondé et constamment dirigé par moi, et à l'aide duquel on peut défier les fripons de toute espèce, est maintenant, je ne crains pas de le dire, une des nécessités indispensables de l'époque. Plus de 4,500 personnes dont les noms figurent sur mes registres, pourraient
au besoin attester la vérité de mes paroles. J'ai fait restituer à un grand nombre de mes abonnés pour des sommes considérables de marchandises
que d'adroits fripons leur avaient escroquées. J'ai fait rentrer des sommes très fortes, provenant de créances depuis long temps périmées et regardées comme perdues. J'ai mis entre les mains de, gardes du commerce un grand nombre de débiteurs fugitifs, réputés introuvables,
dont la majeure partie ont payé avant d'entrer en prison. J'ai sauvé mes abonnés des pièges de toute nature que leur avaient tendus de prétendus négociants, auxquels ils avaient vendu à terme des marchandises, qu'ils n'ont pas livrées par suite des renseignements que je leur ai fournis sur le compte de ces flibustiers; en un mot, le BUREAU DES RENSEIGNEMENTS, dont les opérations sont enfin bien connues, a porté un coup funeste à l'industrialisme des escrocs, des faiseurs et de chevaliers d'industrie. J'ai fait, je dois en convenir, beaucoup plus que je ne comptais faire; et aujourd'hui, si seulement les commerçants, qui ont eu souvent recours à moi, veulent bien m'accorder ouvertement
leur patronage; il me sera possible de faire beaucoup plus encore; et pour cela il ne suffira que de réaliser l'exécution d'une idée que je mûris depuis plus de vingt ans. Mettre tous les individus qui exploitent le commerce, l'industrie et la propriété dans l'impossibilité absolue de nuire; diminuer considérablement d'abord le nombre des faillites et par la suite les rendre tout à fait impossibles: voilà ce que je veux faire; tel est mon projet. Je le crois éminemment utile à mes concitoyens; et c'est dans cette idée que je l'entreprends.

 

...à suivre....

    Le principe de son agence est le suivant : moyennant un abonnement de 20Fr. par an, banquiers et commerçants s'assurent les services  de surveillance et de contrôle de leurs clients et partenaires. Toute transaction ne se fait plus qu'après un contrôle auprès du Bureau. Vous êtes en affaire avec untel, l'administration Vidocq se charge de faire toutes les recherches nécessaires à vérifier son honnêteté et sa solvabilité.

       

     Un an après l'ouverture de l'agence, Vidocq a environ 4000 clients. Sa réputation de policier hors pair est sa meilleure publicité et ses connaissances dans la police étrangères lui assure un champ d'action international. Vidocq bénéficie d'une conjoncture très favorable : C'est l'âge d'or des industries et des escrocs qui la parasitent.

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Par cette nouvelle activité, Vidocq acquière une très bonne réputation auprès de tous les commerçants qui présentent désormais leur "appartenance" à l'agence Vidocq comme une garantie.

Les règles de vie sont très dures au sein de l'agence comme en témoigne le règlement intérieur daté de 1837 :

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Article 1er : Du 1er Avril au 1er Octobre tous les employés à l'intérieur devront être à leurs postes à 8 heures précises du matin; ils iront déjeuner à 10 h 1/2 et rentreront à Il heures; ils iront dîner à 5 h 1/2 et seront rentrés à 7 heures précises pour continuer leur travail jusqu'à 10 heures du soir.

Article 2 :  Du 1er Octobre au 1er Avril, ils se rendront à leurs postes à 8 heures 1/2 du matin, déjeuneront à 10 heures 1/2 et seront de retour à 11 heures; ils dîneront à 5 heures 1/2 et rentreront à 7 heures pour continuer le travail jusqu'à 10 heures 1/2 du soir.
De cette manière, chaque employé doit à l'administration 13 heures de travail par jour. Le dimanche, le travail à l'intérieur cesse à 3 heures de l'après-midi; sur trois commis, un sera de garde jusqu'à 10 heures du soir, s'ils étaient quatre, deux resteraient en permanence. Tout travail après dix heures du soir en été et après dix heures et demie en hiver est considéré comme extraordinaire et sera payé à l'heure sur le taux du traitement.

Article 3 : Les heures de travail pour les employés extérieurs ne sont pas fixées; leur service commence et finit selon l'exigence et l'importance des affaires. Tout travail avant cinq heures du matin ou après minuit sera payé à l'heure. Les explorateurs resteront tous les soirs au bureau pour rendre compte ou recevoir des ordres, ceux qui manqueraient sans motif justifié perdront le prix d'une journée de travail.

Article 4 : À son arrivée ainsi qu'à sa sortie, on signe une feuille de présence en indiquant l'heure, le garçon de bureau est responsable de l'exécution cette disposition. En conséquence, il veillera à ce que l'heure d'indication d'arrivée ou de rentrée soit exacte; s'il avait des complaisances coupables, il payerai l'amende que l'employé aurait encourue.

Article 5 : Le retardataire sera d'abord réprimandé et en cas de récidive sera puni d'un ou de plusieurs jours de retenue de leur traitement selon le cas. il en sera de même à l'égard de ceux qui négligeraient leur service ou feraient mal leurs explorations ou leurs surveillances. Ceux que l'on trouverait absents de leur surveillance sans motif impérieux et reconnu vrai et qui auraient négligé de marquer l'absence seront punis de la retenue d'un jour d'appointement et plus s'il y a récidive.

Article 6 : Aucun employé ne peut s'absenter de l'administration sans avoir prévenu le Directeur et sans avoir obtenu la permission; ceux qui enfreindraient cette disposition seront punis d'une retenue d'un jour de travail outre la perte de temps. il en sera de même pour ceux qui ne s'étant pas présentés le matin à l'heure indiquée et qui n'auraient pas informé immédiatement le Directeur du motif de leur absence qui sera constatée ou contrôlée si on le juge convenable. Les jours d'absence de l'administration pour un motif quelconque soit même d'indisposition ou de maladie ne seront pas payés; celui qui feindrait une maladie pour s'absenter sera puni d'une retenue d'un jour de paye, outre le temps perdu. Et plus en cas de récidive.

Article 7 : Chaque employé devra être pourvu des objets nécessaires à son travail, tels que canifs, règles, plumes, etc. Ils doivent toujours avant de sortir tenir leur place en état de propreté et ranger leurs papiers, notes, etc.

Article 8 : Les explorateurs auront au moins une casquette, une blouse et une veste pour se déguiser au besoin.

Article 9 : L'usage du tabac soit à fumer soit à mâcher est interdit dans les bureaux. Il est également défendu d'y boire et manger, ni d'y rien faire que pour le service de l'administration.

Article 10 : Les employés devront toujours être vêtus d'une manière décente et propre, surtout décrottés (sic). Ceux qui enfreindraient cette disposition ne seront point admis et perdront le salaire de leur journée. Il est également défendu de se dévêtir ou de se déchausser dans les bureaux et d'y rester couvert même d'une casquette ou d'un bonnet.

Article 11 : Il est interdit aux employés de toute classe d'acheter ou de se fournir à crédit chez les clients de l'administration. Ceux qui contracteraient des dettes s'engagent et autorisent par le présent le Directeur à une retenue immédiate pour les acquitter en totalité envers leurs créanciers si ceux-ci l'exigent.

Article 12 : Aucun commis ou employé ne pourra recevoir qui que ce soit dans les bureaux, ni même s'y faire adresser des lettres ou autres objets.

Article 13 : Celui des commis ou employés qui oserait solliciter ou mendier soit gratification soit pour boire ou étrennes sera puni sévèrement d'une amende du double de ce qu'il aura reçu. On peut recevoir des gratifications mais dans aucun cas on ne doit les demander.

Article 14 : La discrétion étant l'âme d'une bonne administration, il est défendu aux commis et employés de toute classe de se communiquer réciproquement les notes, soit de surveillance ou de recherches, ni de parler des affaires dont ils sont chargés; aucun d'eux ne doit se permettre d'ouvrir ou d'examiner un dossier dont le travail ne lui est pas confié; à cet égard, les pièces et notes devront toujours être retournées dans les bureaux, de manière à ce que les curieux ne puissent les lire. Celui des employés intérieurs ou extérieurs qui prouvera avoir obtenu de son camarade une confidence de cette nature sera récompensé d'un montant d'une journée de travail retenue à l'indiscret qui lui aura fait cette confidence.

Article 15 : Tout commis ou employé vénal, infidèle ou indiscret sera renvoyé sur-le-champ; les rapports faux ou mensongers entraîneront une punition grave et des retenues proportionnées au préjudice causé.
L'ivrognerie et les jeux, ces deux vices honteux, seront réprimés avec sévérité.
Le silence est de rigueur, il ne doit être rompu que pour cause de service, toute lecture et introduction de livre, brochure, journaux, sont interdits dans les bureaux ainsi que toute discussion politique.

Article 16 : Le commis d'ordre ne remettra à qui que ce soit des autres commis ou employés ni papiers ni notes sans un visa du Directeur; la note devra rester aux lieux et places du dossier pour être rendue lors de la remise et anéantie si un employé quelconque demandait l'adresse et le nom de la personne à qui appartient tel ou tel numéro, il faut le renvoyer au Directeur.

Article 17 : Les commis ou employés tant à l'intérieur qu'à l'extérieur ne devront rendre compte de leur travail, missions, surveillances ou explorations qu'au Directeur seul et par écrit. Dans aucun cas ils ne doivent rendre compte aux clients. Si par hasard (sic) des employés étaient questionnés par des clients, ils devront se refermer sur le silence le plus absolu et faire la réponse suivante: Adressez-vous au Directeur. Aucun renseignement ne sera donné au client ni verbalement, ni par écrit, sans l'ordre ou le visa du Directeur.

Article 18 : Les employés auront le soin de toujours joindre à leurs rapports A notes qu'ils auront reçues, d'indiquer le n° de la note, ceux qui négligeront cette disposition seront réprimandés les deux premières fois et à la 3ième fois mis à l'amende de 50 centimes. Ils devront aussi lorsqu'ils auront reçu de l'argent pour les dépenses extraordinaires en rendre compte avec le rapport en rentrant. Ils ne peuvent en aucun cas disposer de ces sommes que pour le service aux quelles (sic) elles sont destinées sous peine de punition d'une retenue d'un jour de travail. Tout employé qui sera envoyé en voyage devra tenir note exacte jour par jour de sa dépense, joindre les mémoires acquittés et les bulletins de voiture ou diligence; enfin justifier autant que possible de l'emploi de l'argent. Il est défendu aux employés de recevoir aucune somme du client ou débiteur, le caissier seul y est autorisé à moins d'être porteur d'un reçu signé du Directeur.

Article 19 : Ceux des employés qui feraient des dégradations ou casseraient quelque chose seraient responsables des dégâts ou factures qui seraient retenus sur leur traitement. Si l'auteur ou les auteurs de ces dégâts sont inconnus, la valeur sera payée par la masse des employés du bureau où le dégât a été commis.

Article 20 : Il est interdit aux employés explorateurs de s'introduire dans les bureaux ni dans l'antichambre sous peine d'une retenue d'un franc et double pour récidive; les commis ou les garçons de bureaux qui les souffriraient seraient punis de la même peine.

Article 21 : Celui des employés qui écrirait sur les murs, pancartes, vitres, etc., sera puni d'une amende triple du dégât mais jamais moindre de un franc et plus si le dégât est considérable.

Article 22 : Tous les commis et employés seront payés à la journée, la paye se fait tous les 15 jours. Il ne sera pas fait d'avances; les dettes contractées étant dans l'administration seront payées au moment de la réclamation et retenues sur la première quinzaine.

Article 23 : Les rapports des employés explorateurs devront être très détaillés, ils donneront le signalement et les vêtements de l'individu qu'ils suivront ainsi que celui des personnes avec lesquelles ils se réuniront, ils auront 'soin d'indiquer dans leurs rapports les rues où ils auront passés (sic), le temps qu'ils seront restés dans les maisons, les heures d'entrée et de sortie, ils feront au coin des rues ou places une marque semblable : "x".
Lorsqu'ils seront en voiture, ils ne marqueront qu'aux endroits où ils s'arrêteront, ils marqueront de même aux environs des maisons où ils iront prendre des renseignements ou faire des vérifications. À cet effet ils auront toujours de la craie blanche à leur disposition, ceux qui en seront dépourvus ou qui négligeront de marquer seront pour la première fois réprimandés, en cas de récidive, ils seront punis de la retenue d'un jour de salaire. Lorsqu'ils se serviront de voiture, ils prendront le n° de celle dans laquelle sera l'individu recherché, ainsi que celui de celle dans laquelle ils monteront. Ils devront toujours savoir le nom et la demeure du cocher ou de l'administration à laquelle appartient la voiture afin de faire des vérifications au besoin, ceux qui négligeront de le faire ne seront pas remboursés du montant de leur dépense. Les punitions seront plus fortes en cas de récidive et en raison des préjudices causés. Lorsque les explorateurs quitteront le lieu de leur surveillance pour un motif quelconque, ils
feront sur un endroit visible cette marque "0" afin d'indiquer qu'ils suivent l'individu. S'ils étaient allés satisfaire un besoin, ils feraient cette marque. Tous les explorateurs reviendront le soir rendre compte au bureau à moins d'ordre contraire.

Conditions expresses

Toutes les personnes sollicitant un emploi quelconque dans l'administration sont tenues de faire sans rétribution ni salaire un surnumérariat de 15 jours à titre d'essai et d'apprentissage.
Ceux qui ne seraient pas admis ou qui par la suite seraient révoqués n'auront droit à aucun salaire ni indemnité et ne pourront dans aucun cas réclamer les huit jours de souffrance qu'on est dans l'habitude d'accorder aux gens à payer; le Directeur se réservant le droit d'exclure sans avertissement préalable les employés qu'il lui conviendrait de supprimer.
Les employés qui seront supprimés ne pourront exiger du Directeur que le nombre de jours effectifs à compter de celui de leur admission et déduction faite des 15 jours de surnumérariat.
Tous les employés indistinctement sont à la journée; il n'y a aucun traitement mensuel ni annuel.

Les soussignés déclarent avoir lu le règlement et ne l'avoir signé qu'après en avoir pris une connaissance parfaite; ils s'engagent formellement de s'y conformer et l'exécuter sans restriction ni réserve; et en cas de contravention ou d'inexécution de leur part, ils s'obligent à payer toutes amendes et retenues qui leur seraient faites par suite de l'inexactitude à remplir leurs devoirs sans réclamation ni discussion ; renonçant à toutes actions devant les tribunaux.

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